On raconte que le saint Rulrik avait de son temps soigné de nombreux malades par un simple contact avec eux. A chaque fois que son imposante armée se déplaçait, il était suivi par de nombreuses personnes souhaitant pouvoir bénéficier ne serait-ce que quelques secondes du temps de ce saint.
Il se dit également que le saint Rulrik aurait reussi à unifier une force impressionnante car a sa maîtrise de l'éloquence, son sens de la diplomatie ainsi que de sa vision de Kald. Ses apôtres, encore vivants aujourd'hui témoignent régulièrement des bienfaits que le szint Rulrik a apporté au continent.

Il se dit que chaque fois qu'ils traversent la jungle de Lopaka où défuncta Saint Rulrik, les Tchalanais ne manquent pas d'honorer la mémoire du saint homme. Ils pissoient joyeusement sur sa tombe et déposent leurs fèces en offrande.

De mémoire d'homme, Les pissenlits n'ont jamais été aussi abondants.

Le martyr de Saint Rulrik

De mauvaises langues ont répandu la rumeur que le Roi Rulrik s'était pitoyablement donné la mort en Tchalan acculé dans l'ennui et craignant d'être supplicié par les cannibales qui, comme chacun sait, vous en...voient dans l'autre monde.
Or il appert que la vérité est toute autre. Saint Rulrik ainsi que deux de ses compagnons furent capturés par une tribu de féroces anthropophages. Amenés devant le chef, celui-ci leur parla en ces termes : « Nous allons vous bouffer, mais auparavant on va vous engraisser. Quand vous serez à point on vous apprêtera. Vous serez roulés dans les herbes de province, thym, bouquet garni, patchouli, ail, oignons et un épi de maïs dans le schtroumf, ensuite on vous fera faisander, sauf le vieux (il désigna Saint Rulrik) qui schlingue déjà suffisamment, puis on vous dépècera, on vous embrochera, on vous fera rôtir et miam, miam et avec votre peau on fera un canoë ! Mais avant de vous dépecer vous aurez droit d'exprimer un dernier voeu .»
Les jours passèrent. Saint Rulrik et ses compagnons étaient chaque jour nourris avec prodigalité, mais cependant tour à tour acculés dans l'ennui, ils se lamentaient sauf Saint Rulrik qui dans son immense abnégation, implorait le ciel de prolonger son martyr et attendait la nuit avec impatience...
Un premier compagnon ayant atteint le poids requis, sa viande étant persillée comme il sied, il fut envoyé au saloir et avant d'être dépecé, il exprima son voeu. «voir la merveille du monde, le palais de Txaleco ». Il visita à loisir le dit palais, puis fut dépecé, embroché, rôti et mangé. Avec sa peau les cannibales firent un canoë.
Saint Rulrik gagnait si peu d'embonpoint que son camarade survivant fut désigné avant lui. Son voeu, «voir la merveille du monde, la danse des vahinés de Tchacalan » fut exaucé. Il fut dépecé, embroché, rôti et mangé. Avec sa peau les cannibales firent un canoë.

Saint Rulrik ne faisait guère de gras, mais par suite d'un nouvel arrivage de prisonnier, le chef décida qu'il serait servi en qualité d'os à moelle en garniture du prochain pot au feu. Le jour venu, le chef lui demanda d'exprimer son dernier voeu. Saint Rulrik demanda un couteau. Interloqué le chef accéda cependant à sa demande. D'aucuns jurent que le ciel s'obscurcit et que le tonnerre gronda tandis qu'une lueur surnaturelle entourait la tête du condamné. Celui-ci brandit brusquement le couteau vers le ciel puis avec une vigueur étonnante pour ce corps décharné il se plongea à multiples reprises la lame dans la bedaine en hurlant : «  Voilà pour ton canoë !!! » et il expira.
Bras et jambes furent débitées pour le pot au feu. Avec la peau on fit des mocassins et une bouée.
Le crâne avait été réservé pour extraire la cervelle destinée aux vol-au- vent du souper mais les indigènes furent frappés de stupeur, constatant qu'icelui était vide... .